Concours d’accès aux CRMEF – Enseignement primaire mixte, décembre 2018 + Corrigé

Concours

Concours d’accès aux CRMEF (centres régionaux des métiers de l’éducation et de la formation) – Enseignement primaire mixte, décembre 2018. Le corrigé est en pdf (voir documents joints)

Première partie de l’épreuve (40 points)

L’extrait suivant est l’incipit (début) de l’œuvre intitulée «Mémoires d’une jeune fille rangée» de Simone de Beauvoir.

Je suis née à quatre heures du matin, le 9 janvier1908, dans une chambre aux meubles laqués de blanc, qui donnait sur le boulevard Raspail. Sur les photos de famille prises l’été suivant, on voit de jeunes dames en robes longues, aux chapeaux empanachés de plumes d’autruche, des messieurs coiffés de canotiers et de panamas qui sourient à un bébé : ce sont mes parents, mon grand-père, des oncles, des tantes, et c’est moi. Mon père avait trente ans, ma mère vingt et un, et j’étais leur premier enfant. Je tourne une page de l’album ; maman tient dans ses bras un bébé qui n’est pas moi ;je porte une jupe plissée, un béret, j’ai deux ans et demi, et ma sœur vient de naître. J’en fus, paraît-il, jalouse, mais pendant peu de temps. Aussi loin que je me souvienne, j’étais fière d’être l’aînée : la première. Déguisée en chaperon rouge, portant dans mon panier galette et pot de beurre, je me sentais plus intéressante qu’un nourrisson cloué dans son berceau. J’avais une petite sœur: ce poupon ne m’avait pas.

De mes premières années, je ne retrouve guère qu’une impression confuse: quelque chose de rouge, et de noir, et de chaud. L’appartement était rouge, rouges la moquette, la salle à manger Henri II, la soie gaufrée qui masquait les portes vitrées, et dans le cabinet de papal es rideaux de velours ; les meubles de cet antre sacré étaient en poirier noirci ; je me blottissais dans la niche creusée sous le bureau, je m’enroulais dans les ténèbres ; il faisait sombre, il faisait chaud et le rouge de la moquette criait dans mes yeux. Ainsi se passa ma toute petite enfance. Je regardais, je palpais, j’apprenais le monde, à l’abri. C’est à Louise que j’ai dû la sécurité quotidienne. Elle m’habillait le matin, me déshabillait le soir et dormait dans la même chambre que moi. Jeune, sans beauté, sans mystère puisqu’elle n’existait – du moins je le croyais – que pour veiller sur ma sœur et sur moi, elle n’élevait jamais la voix, jamais elle ne me grondait sans raison. Son regard tranquille me protégeait pendant que je faisais des pâtés au Luxembourg, pendant que je berçais ma poupée Blondine, descendue du ciel une nuit de Noël avec la malle qui contenait son trousseau. Au soir tombant elle s’asseyait à côté de moi et me montrait des images en me racontant des histoires. Sa présence m’était aussi nécessaire et me paraissait aussi naturelle que celle du sol sous mes pieds. Ma mère, plus lointaine et plus capricieuse, m’inspirait des sentiments amoureux: je m’installais sur ses genoux, dans la douceur parfumée de ses bras, je couvrais de baisers sa peau de jeune femme ; elle apparaissait parfois la nuit, près de mon lit, belle comme une image, dans sa robe de verdure mousseuse ornée d’une fleur mauve, dans sa scintillante robe de jais noir. Quand elle était fâchée, elle me « faisait les gros yeux » ; je redoutais cet éclair orageux qui enlaidissait son visage ; j’avais besoin de son sourire.

    Simone de Beauvoir, Extrait de Mémoires d’une jeune fille rangée.

I. COMPRÉHENSION DE L’ÉCRIT (12 points)

1) Quel est le genre de cet extrait ? (1pt)

Épistolaire / Poétique / Autobiographique/ Biographique

2) Qui raconte l’histoire dans l’extrait ? (1pt)

Le narrateur-auteur / Le narrateur-personnage / L’auteur-personnage / Le narrateur-auteur-personnage

3) À quelle tranche d’âge les événements évoqués dans le texte correspondent-ils ? (1pt)

à la jeunesse / à l’enfance / à la petite enfance / à la vieillesse

4) D’après le texte, les informations suivantes sont-elles vraies ou fausses ? (4pts)

InformationVraie Fausse
a- le problème posé dans le texte est celui de la
mémoire.
b- Ce qui assure la persistance du souvenir, ce sont
les photographies.
c- La narratrice jalousait sa sœur qui lui aurait
confisqué la chaleur parentale. 
d- Les souvenirs évoqués, dans le texte, sont clairs et
précis.
e- La narratrice a vécu son enfance tout à fait comme
elle le souhaitait.
f- La narratrice communiquait librement avec le
monde extérieur.
g- La naissance du personnage du texte a eu lieu au
début du 19ème siècle.
h- La narratrice avait besoin de la douceur
maternelle.

Éléments de correction et barème :

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