« Le Chevalier… » – portrait d’un «héros» merveilleux

Le Chevalier double

Extrait support du cours

Le comte Oluf de Lodbrog, car tel est son titre depuis que le vieux comte est mort, part sur son bon cheval, accompagné de ses deux chiens géants, Murg et Fenris, car le jeune seigneur aux paupières couleur d’orange a un rendez-vous, et déjà peut-être, du haut de la petite tourelle aiguë en forme de poivrière, se penche sur le balcon sculpté, malgré le froid et la bise, la jeune fille inquiète, cherchant à démêler dans la blancheur de la plaine le panache du chevalier.
Oluf, sur son grand cheval à formes d’éléphant, dont il laboure les flancs à coups d’éperon, s’avance dans la campagne ; il traverse le lac, dont le froid n’a fait qu’un seul bloc de glace, où les poissons sont enchâssés, les nageoires étendues, comme des pétrifications dans la pâte du marbre ; les quatre fers du cheval, armés de crochets, mordent solidement la dure surface ; un brouillard, produit par sa sueur et sa respiration, l’enveloppe et le suit ; on dirait qu’il galope
dans un nuage ; les deux chiens, Murg et Fenris, soufflent, de chaque côté de leur maître, par leurs naseaux sanglants, de longs jets de fumée comme des animaux fabuleux.
Voici le bois de sapins ; pareils à des spectres, ils étendent leurs bras appesantis chargés de nappes blanches ; le poids de la neige courbe les plus jeunes et les plus flexibles : on dirait une suite d’arceaux d’argent. La noire terreur habite dans cette forêt, où les rochers affectent des formes monstrueuses, où chaque arbre, avec ses racines, semble couver à ses pieds un nid de dragons engourdis. Mais Oluf ne connaît pas la terreur.
Le chemin se resserre de plus en plus, les sapins croisent inextricablement leurs branches lamentables ; à peine de rares éclaircies permettent-elles de voir la chaîne de collines neigeuses qui se détachent en blanches ondulations sur le ciel noir et terne.
Heureusement Mopse est un vigoureux coursier qui porterait sans plier Odin le gigantesque ; nul obstacle ne l’arrête ; il saute par-dessus les rochers, il enjambe les fondrières, et de temps en temps il arrache aux cailloux que son sabot heurte sous la neige une aigrette d’étincelles aussitôt éteintes.
« Allons, Mopse, courage ! tu n’as plus à traverser que la petite plaine et le bois de bouleaux ; une jolie main caressera ton col satiné, et dans une écurie bien chaude tu mangeras de l’orge mondée et de l’avoine à pleine mesure. »
Quel charmant spectacle que le bois de bouleaux ! toutes les branches sont ouatées d’une peluche de givre, les plus petites brindilles se dessinent en blanc sur l’obscurité de l’atmosphère : on dirait une immense corbeille de filigrane, un madrépore d’argent, une grotte avec tous ses stalactites ; les ramifications et les fleurs bizarres dont la gelée étame les vitres n’offrent pas des dessins plus compliqués et plus variés.
« Seigneur Oluf, que vous avez tardé ! j’avais peur que l’ours de la montagne vous eût barré le chemin ou que les elfes vous eussent invité à danser, dit la jeune châtelaine en faisant asseoir Oluf sur le fauteuil de chêne dans l’intérieur de la cheminée. Mais pourquoi êtes-vous venu au rendez-vous d’amour avec un compagnon ? Aviez-vous donc peur de passer tout seul par la forêt ?
— De quel compagnon voulez-vous parler, fleur de mon âme ? dit Oluf très surpris à la jeune châtelaine.
— Du chevalier à l’étoile rouge que vous menez toujours avec vous. Celui qui est né d’un regard du chanteur bohémien, l’esprit funeste qui vous possède ; défaites-vous du chevalier à l’étoile rouge, ou je n’écouterai jamais vos propos d’amour ; je ne puis être la femme de deux hommes à la fois. »
Oluf eut beau faire et beau dire, il ne put seulement parvenir à baiser le petit doigt rose de la main de Brenda ; il s’en alla fort mécontent et résolu à combattre le chevalier à l’étoile rouge s’il pouvait le rencontrer.

Compréhension du passage

Dans ce passage, Oluf est un jeune adulte et il est appelé à assumer ses responsabilités d’héritier (de héros). D’abord, trouver une femme qui l’aime (situation de manque), affronter des obstacles (situation des épreuves).

ÉpreuveL’obstacle (les opposants)Le phénomène surnaturelLa réaction (les adjuvants)
n°1Le lac geléLa pétrification + Le brouillardL’aide des animaux est décisive
n°2La forêt de sapinsLes spectres + La terreur + Les monstresLe courage d’Oluf l’a emporté
n°3Le chemin étroitL’entrecroisement des branches + Le ciel noir et terneL’aide du cheval est décisive
n°4 + 5La plaine + La forêt de bouleauxAucun phénomène étrange (voir les modalités appréciatives)Aucune difficulté à franchir ces obstacles

Brenda, le sujet de la quête, rejette les faveurs du chevalier et lui impose de se débarrasser de son double (l’opposant), le chevalier à l’étoile rouge.

Brenda (l’adjuvant) a ainsi aidé son prétendant pour qu’il prenne conscience de son étrange situation. Une nouvelle épreuve attend Oluf.

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