« Il était une fois… » – Test de compréhension sur le bonheur intellectuel du vieux couple

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Le Vieux fumait paisiblement et buvait du thé. Il y avait devant lui sur une petite table ronde un cahier ouvert, un porte-plume et un encrier. De temps en temps, il couchait un vers ou deux sur la page blanche. Il venait de commencer un nouveau poème. La vieille le regardait faire sans oser lui demander ce qu’il écrivait. Mais elle se doutait que ça ne pouvait être que de la poésie, cette poésie qu’elle aurait tant aimé entendre. Le Vieux mettait en vers l’histoire épique d’un saint méconnu qui aurait combattu les démons et autres êtres infernaux toute sa vie durant. À côté de son maître, le chat roux somnolait sur un oreiller et, chaque fois qu’il entendait le crissement de la plume sur le papier, il dressait les oreilles et remuait la queue. À un moment donné, le Vieux dit tout haut :

– Mon chat, tu comprends la poésie. Chaque fois que la plume court sur le papier, tu te redresses comme pour applaudir. Tu saisis tout rien qu’à ce bruit insolite.

La vieille éclata de rire. Elle dit vivement, comme pour se rattraper :

– Ne t’offense surtout pas. Mais pardonne-moi. Je dois rire, en effet. Après tout, un chat n’est qu’un chat. C’est seulement le bruit qui le fait réagir. C’est à moi que tu devrais dire ces poèmes, pas au chat. Et pourquoi pas à la mule ou à la vache, tant que tu y es?

-Tu exagères ! Ces animaux comprennent mieux que les hommes.

– Je ne crois pas.

– Bon ! Voici le début de ce nouveau poème :

Ne cherchez pas, ô gens. Le saint n’a point de tombe.

Son corps fut enlevé avant son dernier souffle

Par les Anges du Seigneur.

Du jour au lendemain, on ne le revit plus

Sur terre, mais d’aucuns disent qu’il marche la nuit

Sur les eaux brillantes du firmament.

Bouchaïb attendit la réaction de sa femme. Elle dit au bout d’un moment :

– Mais c’est fascinant ! Tu dois continuer.

– Je continue. Quand il sera achevé, je te le dirai en entier.

– Comme je suis impatiente !

Elle alla prendre des braises dans le kanoun afin d’en remplir un brasero, puis elle s’assit et commença à préparer sous l’œil ébloui du Vieux un tagine qu’elle condimenta d’aromates aux fragrances rares. La narine du Vieux était titillée par cet agréable fumet. Il en laissa même tomber son porte-plume pour suivre les gestes précis et légers de la vieille femme. Un bonheur ineffable s’exhalait de sa personne.   (pp. 64 à 66)

Questionnaire :

I/ a- Deux actions ponctuent chaque journée du vieux couple ; lesquelles ? (1p)

  b- Relevez du passage tous les signes du bonheur du vieux couple. (1p)

II/ a- La vieille est analphabète ; qu’est-ce qui le prouve ? (1p)

  b- Quel rôle culturel joue-t-elle auprès de son mari ? (1p)

III/ Bouchaïb écrit des poèmes épiques amazighs.

a-    Quel est le sens d’épique ? (0,5p)

b-   Quel est le sujet de son dernier poème ? (1p)

c-    S’agit-il de poésie classique ? moderne ? Justifiez votre réponse. (1p)

d-   Le héros de son histoire est-il un être réel ou légendaire ? Justifiez votre choix. (1p)

IV/ « La vieille éclata de rire. Elle dit vivement, comme pour se rattraper… » Deux figures de style se retrouvent ici ; lesquelles ? (1p)

V/ Relevez du passage tous les éléments relatifs à la culture amazigh. (1p)

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