« Le Père Goriot » – Exercice de lexique thématique

Le Père Goriot

Voici un exercice retrouvé dans un ancien Manuel de FRANÇAIS, Deuxième année secondaire, section Sciences et Techniques, Dar Errachad El Hadita, 1995.

LA PENSION VAUQUER

Naturellement destiné à l’exploitation de la pension, le rez-de-chaussée se compose d’une première pièce éclairée par les deux croisées de la rue, et où l’on entre par une porte-fenêtre. Ce salon communique à une salle à manger qui est séparée de la cuisine par la cage d’un escalier dont les marches sont en bois et en carreaux mis en couleur et frottés. Rien n’est plus triste à voir que ce salon meublé de fauteuils et de chaises en étoffe de crin à raies alternativement mates et luisantes. Au milieu se trouve une table ronde à dessus de marbre Sainte-Anne décorée de ce cabaret en porcelaine blanche ornée de filets d’or effacés à demi, que l’on rencontre partout aujourd’hui. Cette pièce, assez mal planchéiée, est lambrissée (1) à hauteur d’appui. Le surplus des parois est tendu d’un papier verni […] La cheminée en pierre, dont le foyer toujours propre atteste qu’il ne s’y fait de feu que dans les grandes occasions, est ornée de deux vases pleins de fleurs artificielles, qui accompagnent une pendule en marbre bleuâtre du plus mauvais goût. Cette première pièce exhale une odeur sans nom dans la langue, et qu’il faudrait appeler l’odeur de pension […] Malgré ces plates horreurs, si vous le compariez à la salle à manger, qui lui est contiguë, vous trouveriez ce salon élégant et parfumé comme doit l’être un boudoir (2). Cette salle, entièrement boisée, fut jadis peinte en une couleur indistincte aujourd’hui […] Elle est plaquée de buffets gluants sur lesquels sont des carafes échancrées, ternies, des ronds de moiré métallique, des piles d’assiettes en porcelaine épaisse, à bords bleus. Dans un angle est placée une boîte à cases numérotées qui sert à garder les serviettes de chaque pensionnaire. Il s’y rencontre de ces meubles indestructibles proscrits (3) partout […] Vous y verriez un baromètre à capucin qui sort quand il pleut, des gravures  exécrables qui ôtent l’appétit, un cartel (4) en écaille incrustée de cuivre ; un poêle vert, des quinquets (5) où la poussière se combine avec l’huile, une longue table couverte en toile cirée, des chaises estropiées, de petits paillassons piteux, des chaufferettes (6) misérables. Pour expliquer combien ce mobilier est vieux, crevassé, pourri, tremblant, rongé, manchot, borgne, invalide, expirant, il faudrait en faire une description que les gens pressés ne pardonneraient pas. Enfin là règne la misère sans poésie; une misère économe, concentrée, râpée.    

                                « Le Père Goriot » H. de BALZAC

(1)  Garnie de boiserie      (2)  Petit salon de dames          (3)  Abolis

(4)  Pendule accrochée au mur       (5)  Lampes à huile         (6) Appareils pour chauffer les pieds

Consignes :

1/ D’après le dictionnaire Larousse, la pension désigne : « ce que l’on paye pour être logé et nourri… »

– un lieu où l’on est nourri et logé

– une maison d’éducation avec internat,

– un revenu annuel accordé aux services, aux talents, aux personnes âgées, etc.

• Ce texte de Balzac renvoie à quel cas ?

• D’après ce texte quelle est la fonction d’une pension en général ? autrement dit quels services offrent-elles à ses pensionnaires ?

• Qu’est-ce qui rapproche une pension d’un hôtel d’une part et d’un restaurant d’autre part ?

2/ De combien de pièces est constitué le rez-de-chaussée de la pension Vauquer ?

• Comment ces pièces sont elles disposées et quelles sont leurs fonctions respectives ?

• Reproduis sur une feuille blanche, le plan schématique (la structure) du rez-de-chaussée de cette pension, en répartissant le salon, la salle à manger, la cuisine et la cage d’escalier selon les indications du texte support.

3/ Relève, selon l’ordre du texte, les détails qui se rapportent à l’architecture de cette pension.

    Ex : rez-de-chaussée, porte, fenêtre, escalier, marches, plancher …

4/ De la même manière relève au fil du texte (en t’aidant d’un dictionnaire), le mobilier et les éléments décoratifs du salon et de la salle à manger de cette pension,

5/ Explicite davantage les modalités appréciatives qui ont permis à Balzac de décrire le mobilier de la salle à manger surtout :

• les buffets, les meubles, les gravures, les quinquets, les chaises, les paillassons, les chaufferettes.

6/ Réécris l’avant-dernière phrase du texte en remplaçant les qualifiants écrits en gras par des termes équivalents :

« Pour expliquer combien ce mobilier est vieux, crevassé, pourri, tremblant, rongé, manchot, borgne, invalide, expirant, il faudrait en faire une description que les gens pressés ne pardonneraient pas ».

Téléchargez le PDF :

Partagez l'article :

Copyrights © 2024 tantancours

Développé avec par ABOUHILAL BADR